Favoriser l’élaboration d’un Plan de Reprise d’Activité (PRA)
Dès le début du confinement, les entreprises se sont concentrées sur les urgences à gérer, notamment l’arrêt ou la poursuite d’activité et la mise en place de mesures de santé et sécurité au travail. Elles ont formalisé ces décisions dans un Plan de Continuité d’activité (PCA).
Si le PCA n’est pas suffisant pour envisager toutes les dimensions d’une reprise d’activité, quel serait alors le périmètre adapté ?
L’ORI considère que l’élaboration d’un PRA répond mieux aux enjeux de continuité ou de reprise d’activité car il est construit sur une approche globale et définit le périmètre permettant d’aborder toutes les problématiques d’adaptation et de changements: économique, organisationnelle, de conditions de travail et de sécurité, et de RH.
Le périmètre défini, quels sont alors les prérequis, les incontournables qui permettent de partager au sein des entreprises un état des lieux commun de la situation ?
L’ORI considère que le partage au sein des entreprises d’un état des lieux de leur situation doit être global et recouvrir plusieurs dimensions :
Sur la dimension économique : cette crise sanitaire se transforme progressivement en crise économique probablement sur une durée longue : des projections sur l’avenir sont nécessaires en anticipant les évolutions des marchés.
Sur la situation sociale, sur la double thématique « conditions de travail et accidentologie » : les processus de travail ont été ajustés, modifiés, bouleversés dans l’urgence. Les temps de préparation, d’adaptation et de formation nécessaires n’ont pas toujours été possibles pour faire en sorte que chacun, au sein des entreprises, puisse s’engager pleinement dans ces nouvelles conditions de travail.
Concernant les risques professionnels, on a vu réapparaitre un certain nombre de risques traditionnels. La prise en compte des risques liés à la protection sanitaire contre le Coronavirus ne doit pas se faire au détriment des risques traditionnels dont la fréquence pourrait s’accroitre au fur et à mesure de la reprise d’activité. Ce phénomène peut être accentué avec l’apparition de risques supplémentaires liés au fait que les process de travail sont nouveaux et parfois plus compliqués ou plus difficiles à appréhender.
Sur les retours d’expérience : il y a eu un certain nombre d’évolutions qui sont nées de la capacité collective au sein des entreprises à utiliser de nouveaux systèmes d’information, à travailler différemment, à distance. Ce sont autant de compétences nouvelles mais aussi des accélérateurs de réalités existantes avant la crise sanitaire.
Le périmètre défini, les prérequis précisés, quelle est la ou les bonnes méthodes de discussion ? Comment négocier ? Quoi négocier ? Dans quel(s) cadre(s) ? Avec quels outils ? Avec quelles ressources et aides extérieures ?
L’ORI considère que quatre principes peuvent guider les entreprises dans leur méthode de travail :
La sensibilisation et la pédagogie pour l’implication de tous,
La scénarisation des actions à mener pour recouvrir toutes les dimensions du PRA,
Le dialogue social et la concertation pour tendre ou aboutir à un accord,
Le recours à des expertises et aides extérieures comme par exemple les services de santé au travail concernant la prévention des risques professionnels et la santé au travail (sur la base de l’organisation actuelle sans préjudice d’une éventuelle réforme de l’organisation des SST)
L’ORI rappelle aussi que les dispositifs réglementaires, et notamment les ordonnances de 2017, définissent un cadre méthodologique favorable au dialogue social et à la concertation, en :
Donnant des marges de manœuvre pour que les IRP épousent la diversité des configurations organisationnelles possibles et soient compatibles et adaptées aux réalités sociales de l’entreprise.
Permettant à l’instance CSE d’aborder les thèmes de manière systémique (décloisonnée), selon des modalités et une périodicité en phase avec ses enjeux locaux (d’où une plus grande place donnée à l’accord).
Favorisant la régulation locale dans les entreprises dépourvues d’organisation syndicale représentative, par un assouplissement des règles de négociation collective d’entreprise.
Consacrant le principe de primauté de l’accord d’entreprise (dans les limites posées par la loi)
Au-delà, la question des moyens permettant l’exercice concret du dialogue social demeure centrale.